Jamila RATNANE, directrice du
centre d’information sur les droits des femmes et des familles à Pau.
Je suis jamila ratnane, je suis franco- marocaine, fière d’être marocaine, musulmane laïque, femme indépendante, militante, participante à la politique française et
intéressée par tous les changements qui se font au Maroc. Je suis directrice du centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) à PAU. Enfin, je suis maman d’un
jeune homme de 20 ans.
J’ai choisi d’être en même temps française et marocaine. Je ne suis pas issue de l’émigration en France; je suis de cette instance, de ce choix. C’était une
émigration choisie.
Parlez-nous de votre choix dans l’action associative
Le plan associatif m’a été doté par mon père et ma mère qui m’ont éduquée et élevée dans la solidarité. Une solidarité humaine, économique, d’échange d’expériences, en
plus mon père était déjà dans cette dynamique, ce qui m’a permis de le suivre en faisant des études sociologiques.
D’ailleurs, un certain moment, j’étais responsable dans un centre social à PAU –par la suite, j’ai fondé avec d’autres collègues une association que nous avons nommée "cultures plurielles".
Présentez-nous votre association
L’association, « cultures plurielles » est née d’une idée que j’avais eu avec une copine en faisant venir sur un quartier à majorité marocaine et de confession musulmane, Souhaib benchikh auteur d’un livre intitulé : « Marions L’islam » et la république. Donc, nous avons constaté une certaine lacune dans la connaissance de ce qui est Islam en tant qu’Islam. Un Islam qui peut côtoyer la laïcité, se conjuguer, se marier avec elle. C’est ce message qu’on avait envie de le transmettre avec les jeunes. La présence de Souhaib benchikh nous a permis de lancer un débat très riche avec les jeunes, les parents. Dans ce cadre, on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose qui pourrait rassembler plusieurs cultures dans une culture commune et en même temps, mettre en place des actions qui peuvent répondre aux besoins de la génération d’aujourd’hui et celle de l’avenir.
Votre initiative n’a-t-elle pas eu d’opposition ?
Quand on parle de laïcité, il y a toujours de l’opposition. D’ailleurs ce sont les ignorants qui commencent à s’opposer à des actions qu’on met en place et qui les jugent
contre L’islam. Or la laïcité n’a jamais été contre L’islam. C’est un dispositif qui était mis en place depuis qu’il y a eu la séparation entre l’église et l’état.
Donc, pour toute les actions quelques soient leurs natures (éducation, travail….)
Il n’ y a pas d’interférence de la religion dans le laïque.
Par contre dans l’Islam et pour AL OUMA, la politique est mélangée, c'est-à-dire tout ce qui est droit est interféré dans la politique, dans le social, dans la famille. Alors que la laïcité permet de se séparer de tout cela. Donc, il n’y a pas de style qui nous permet de mettre la burka, le foulard ou la croix pour qu’on puisse dire que celui-là est musulman, l’autre chrétien ou juif.
Par contre la laïcité traite tout le public sur la même démarche, sur le même pied d’égalité et dans le même niveau éducatif et surtout dans l’école. L’islam tente une fois dans sa vie, dans des pays qui sont des cultures, chrétienne qui soient donc interrogées par les musulmans eux même. Je peux dire aussi que depuis des années jusqu’au 1998, toute traduction dans la culture musulmane a été écrite par des français, par des européens avec un regard européen. Alors qu'aujourd’hui, ce sont les musulmans qui écrivent leur histoire et savent bien comment vivre avec la laïcité, c'est-à-dire la religion entre dans le sphère dedans, par exemple: quand je suis chez moi, je fais mes pratiques dont personne n’a le droit de me poser telle ou telle question. Par contre quand je suis dans un domaine public, je dois respecter la loi.
Votre présence à jerada provient d’une invitation de la part de l’association ISAAF. Quel est votre sentiment ?
Ce n’est pas la première fois que je suis venue à jerada mais il y a déjà donc des projets et des actions qui ont été réalisés avec association » ISAAF « que je saisis cette occasion pour remercier son président (Mahmoud Alliwa) pour son invitation. Je peux même dire que je suis là pour partager mes expériences avec mes consoeurs dans un cadre intergénérationnel, avec des jeunes filles, avec des femmes, des hommes, puisque j’œuvre dans une démarche qui est dans la lutte contre comportements sexistes, l’égalité entre homme et femme dans tous les domaines.
Madame, vous avez bien accumulé une expérience – N’avez-vous pas l’intention de la capitaliser par le biais des traces écrites?
Les œuvres que j’ai écrites sont de petits textes, que j’ai mis dans les cahiers des commissions, des communications inter-culturelles européennes dans un cadre de recherche et
de travail. Mais je peux vous dire que je n’ai pas encore capitalisé parce que j’ai encore besoin d’apprendre dans chaque pays que je visite.
Concernant nos horizons, je peux vous annoncer la mise en place dans l’oriental d’un centre de formation sur le droit des femmes et des jeunes avec les 5 communes (jerada, bouanane ; ain
chuatar et bouarfa, talasint) on va continuer le travail dans l’accompagnement des jeunesse qui leur permettent de prendre le relais.